Plus d’une personne sur dix a vécu de l’intimidation ou de la cyberintimidation au Québec en 2022. Voilà une donnée préoccupante de l’Étude québécoise sur les rapports sociaux dans un contexte scolaire, de travail et dans la communauté 2022.
Depuis la création de la Fondation Jasmin Roy, en 2010, un travail colossal de conscientisation, de sensibilisation et de prévention a été accompli dans de nombreux milieux de vie. La mise en œuvre de plans de lutte contre la violence et l’intimidation, de politiques anti-harcèlement et bon nombre d’autres mécanismes, législatifs ou propres aux différentes organisations publiques et privées, avait pour but premier de rendre plus sécuritaires et équitables ces milieux de vie pour tout le monde et de faire diminuer drastiquement les cas d’intimidation et de harcèlement.
En 2019, nous avions fait de grands pas vers un monde meilleur; les statistiques avaient considérablement diminué, signe que les efforts collectifs en matière de prévention et de bien-être ont porté leurs fruits. Malheureusement, l’après-pandémie de la COVID-19 a amené une recrudescence du harcèlement et de l’intimidation dans tous les milieux de vie.
Selon l’Étude québécoise sur les rapports sociaux dans un contexte scolaire, de travail et dans la communauté 2022, « Les personnes les plus susceptibles d’avoir vécu de l’intimidation ou de la cyberintimidation au cours des 12 mois précédant l’étude sont notamment :
– les jeunes de 12 à 17 ans ;
– les personnes dont l’orientation sexuelle est LGB+ (28 % c. 10 % chez les personnes hétérosexuelles);
– les personnes transgenres ou de genre non binaire (34 % c. 11 % chez les personnes cisgenres);
– les personnes autochtones résidant hors communauté et les personnes issues des minorités visibles ;
– les personnes qui ont une incapacité qui les limite dans leurs activités quotidiennes. »
De son côté, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) a rapporté, dans un rapport publié le 25 janvier 2024, que ce sont près de 484 000 travailleurs québécois qui auraient subi du harcèlement en milieu de travail dans les douze derniers mois, sur environ 4,4 millions d’employés.
En bref, selon les données des Sondages menés pour mesurer la présence du harcèlement en milieu de travail ainsi que les perceptions quant aux pratiques des organisations pour traiter ces situations :
– « Des experts consultés estiment qu’environ 20 % des plaintes pour harcèlement en milieu de travail s’avèrent légalement fondées (les autres étant plutôt reliées à des conflits ou de l’incivilité, ainsi qu’à des plaintes jugées frivoles).
– Selon cette hypothèse, il y aurait approximativement 96 800 victimes annuelles réelles, soit bien plus que les 4 909 demandes de recours déposées pour harcèlement à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) en 2022 en vertu de la Loi sur les normes du travail (LNT).
– Les données montrent que les employeurs peuvent faire mieux dans la prise en charge des situations de harcèlement :
o Une personne sur trois (30 %) ne sait pas si son employeur a mis en place une politique de prévention du harcèlement.
o Une personne sur quatre (26 %) ne saurait pas à qui s’adresser au sein de son organisation pour déposer une plainte.
o Une proportion similaire (24 %) n’a pas confiance que son employeur prendrait sa plainte au sérieux et prendrait des mesures appropriées si une plainte pour harcèlement était déposée. »
La « perception des travailleuses et travailleurs est plus positive lorsqu’ils œuvrent au sein d’une organisation qui emploie un professionnel RH », résume-t-on.
(Source : https://ordrecrha.org/salle-de-presse/communiques-de-presse/2024/01/harcelement-milieu-travail)
Il y a donc encore nécessité de rappeler les mécanismes de dénonciation en place dans chaque milieu de vie si l’on souhaite tendre vers une culture positive et bienveillante pour tout le monde, de même qu’à les actualiser constamment avec l’aide de professionnels en ressources humaines.
La responsabilité d’agir incombe à chacun d’entre nous et il faut plus que jamais miser sur le développement des habiletés sociales, émotionnelles et relationnelles pour revoir nos rapports aux autres dans tous nos milieux de vie.
Ensemble, nous pouvons observer les interactions entre les personnes de notre milieu de vie et apporter des changements afin de créer des milieux bienveillants, sécurisants et exempts de harcèlement et d’intimidation pour toutes et tous.
