L’intimidation et le conflit : une distinction s’impose!

L’intimidation et le conflit : une distinction s’impose!

Lorsque nous sommes confrontés à une situation qui implique deux ou plusieurs enfants, départager le vrai du faux n’est pas toujours évident. De même, la ligne peut souvent paraître mince entre l’intimidation et le conflit. Comment fait-on pour déterminer qu’il s’agit de l’un ou de l’autre?

D’abord, voyons ce qu’il en est des définitions.

L’intimidation, telle que définie dans la Loi sur l’instruction publique, est :

« Tout comportement, parole, acte ou geste délibéré ou non à caractère répétitif, exprimé directement ou indirectement, y compris dans le cyberespace, dans un contexte caractérisé par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées, ayant pour effet d’engendrer des sentiments de détresse et de léser, blesser, opprimer ou ostraciser. »

Il ne faut jamais sous-estimer l’intention d’un parti de faire du mal à l’autre, que ce soit en geste ou en parole ; dans les cas d’intimidation, elle est souvent volontaire. Ainsi, nous avons quatre critères sur lesquels appuyer notre réflexion : 1) le rapport de force inégalitaire, 2) le caractère répétitif, 3) l’intention de faire du mal et 4) les conséquences néfastes pour la victime.

Le conflit, quant à lui, est le résultat d’une mésentente entre deux ou plusieurs personnes. Il n’y a généralement pas de déséquilibre de force dans une situation conflictuelle, mais un conflit qui dégénère peut donner lieu à des manifestations de violence, physique ou verbale.

Lors d’un conflit, les volontés ou les objectifs des personnes impliquées sont incompatibles et un terrain d’entente est difficile à atteindre. Tous les enfants vivent, à un moment ou à un autre, des conflits ou font l’objet de taquineries. Ces situations font – malheureusement – partie intégrante du processus de socialisation de l’enfant. Également, tous les adultes vivent des conflits. Pour les éviter, il faudrait nous couper du reste du monde et ne plus avoir de contact avec aucun autre être humain! Il faut donc apprendre aux enfants à faire des compromis et à être de fins négociateurs!

Privilégiez la médiation lors des premiers conflits de votre enfant et utilisez des approches de résolution de conflit. Résoudre un conflit de façon pacifique permet un rapport de force égale entre les enfants concernés et leur assure de parvenir à une entente rapidement, en plus de leur apprendre à faire des compromis.

*ATTENTION! La médiation et la résolution de conflit ne sont pas des techniques appropriées pour régler une situation d’intimidation. Le rapport de force étant déséquilibré entre les deux, la victime peut vous dire qu’elle a menti pour s’éviter de nouveaux problèmes avec son agresseur ou ses agresseurs et vous aurez alors l’impression qu’il s’agissait simplement d’un conflit. Vous aurez donc raté une occasion de faire cesser les hostilités envers la victime puisque l’intimidation étant répétée, cela se poursuivra avec, peut-être, une plus grande intensité pendant un certain moment.

* Une bagarre, une insulte ou une menace isolée ne constitue pas nécessairement des actes d’intimidation, mais il s’agit de gestes violents et répréhensibles sur lesquels il faut intervenir. Nous évitons qu’ils se répètent dans le temps lorsque nous intervenons de façon adéquate. Une bonne intervention permet de rétablir l’équilibre des forces et dissuade l’agresseur de recommencer. Généralement, en les amenant à socialiser et à apprendre à se connaître, ils peuvent développer un lien, sans nécessairement être de grands amis, ou comme on dit, « les meilleurs amis du monde ».

Dans ce tableau, voyez les caractéristiques permettant d’identifier les différences notables entre « intimidation » et « conflit ».

Les différences entre le conflit et l’intimidation

Adaptation du tableau « Les différences entre le conflit et l’intimidation » à la page 15 du guide « Prévenir et réduire la violence et l’intimidation à l’école » par Camil Sanfaçon pour la Fondation Jasmin Roy.

Conflit

Intimidation

Caractéristiques

  • Une situation normale, pas nécessairement négative.
  • Il peut s’agir d’un accident; dans ce cas, les enfants « accrochés » vous diront que l’autre l’a frappé. Il faut bien s’informer, vous découvrirez que le geste était accidentel.
  • Une situation qui se développe occasionnellement et selon les circonstances.
  • Une situation anormale, les gestes posés sont intentionnels (il ne s’agit pas d’un accident).
  • Un enfant subit à répétition et sans rien dire les brutalités et les moqueries de ses pairs.

Relations entre les enfants

  • En général, les forces sont égales entre les deux. Chacun va répliquer et « tenir son bout ».
  • Les enfants impliqués se connaissent et sont généralement des amis.
  • L’intimidateur est en position de force et abuse de son pouvoir sur la victime qui ne sait pas comment se défendre.
  • Les enfants impliqués ne sont généralement pas des amis même s’il est possible qu’ils l’aient déjà été.

Causes et manifestations

  • Le conflit survient à la suite d’un désaccord, d’une différence d’opinion ou de perception.
  • Le conflit peut être provoqué par l’un ou l’autre des enfants, pas toujours le même.
  • Le conflit n’est pas prévu; il n’y a donc pas d’intention négative de faire du mal puisque cela survient sans aucune planification, sans qu’aucun des enfants concernés ne se soit dit : « Je vais lui faire du mal ».
  • L’intimidation se produit lorsque l’intimidateur veut user de son pouvoir sur la victime.
  • C’est toujours le même enfant qui est attaqué ou insulté par le même agresseur ou les mêmes agresseurs, sans qu’il soit capable de répliquer ou de se défendre à son tour.
  • Les gestes d’intimidation sont intentionnels et peuvent être planifiés. L’intimidateur peut prévenir les témoins silencieux de ce qu’il fera subir à la victime. Dans certains cas, l’intimidateur menace et prévient la victime qu’il continuera, surtout si celle-ci partage sa détresse à qui que ce soit dans le but qu’on l’aide.

Résolution de problème

  • Les enfants acceptent généralement plus facilement de l’aide pour résoudre le conflit.
  • Les enfants peuvent accepter de réparer leurs gestes.
  • Lors d’un désaccord, après discussion et excuses mutuelles, on parvient généralement à une entente.
  • Très souvent, l’agresseur accusera la victime, n’admettra pas son tort et ne reconnaîtra pas la gravité de son geste.
  • Pour qu’il répare ses gestes, l’intimidateur devra souvent être obligé de le faire par un adulte.
  • La victime n’a pas d’excuses à faire à l’agresseur et n’a pas de geste à réparer.
  • Puisqu’il n’y a pas de désaccord sur une question, il ne faut pas viser une entente entre les parties en guise d’intervention.
  • À moins que la victime dénonce ou qu’un témoin le fasse pour elle, la situation perdure et risque de s’aggraver.

Toutes ces caractéristiques sont essentielles à retenir afin de bien juger d’une situation, lorsque l’on côtoie des enfants. Il est possible, selon les liens que tissent un enfant avec ses pairs, qu’il soit tantôt victime, tantôt agresseur. À coup sûr, chaque enfant est le témoin de situations de conflits et d’intimidation, tant à l’école que dans les sports, les loisirs, etc.

Il importe donc de toujours bien modéliser la façon de régler un conflit ou de chercher de l’aide pour que cesse une situation d’intimidation. Rappelez constamment à l’enfant qui il peut rencontrer pour en parler et quels sont les meilleurs outils à sa disposition pour s’aider ou aider ses pairs.

Adapté du Guide d’information aux parents sur la violence et l’intimidation à l’école, Fondation Jasmin Roy et Fondation Desjardins, 2016.

Pour consulter cette ressource : https://fondationjasminroy.com/initiative/guide-dinformation-aux-parents-sur-la-violence-et-lintimidation-lecole/

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